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Kdom: Un hymne à la beauté

Par Édouard Valdman Poète, écrivain, journaliste et conférencier « Le Roman de l’École de Nice » Éditions de la Différence

La beauté m’est toujours apparue comme un défi, et toujours j’ai tenté de m’en approcher et parfois de m’en saisir. Il me semblait qu’elle possédait un mystère dans lequel se trouvait contenue l’énigme même de l’humain. Il permettait d’accéder à une dimension autre, dont nous étions séparés par notre imaginaire et nos fantasmes, à moins que ce soit ceux-ci qui nous la rendent plus accessible. J’ai toujours été convaincu par ailleurs, que sur les reins des femmes se jouait un drame de la plus haute importance. Y réside une noblesse dont je n’ai jamais compris l’exacte signification et qui pourtant, crée la distance. Elle renvoie à une dimension plus haute. Elle est gage d’un ailleurs. Est-ce la culture qui crée cette distance, est-ce la répression du désir ? Est-ce la faute inculquée depuis toujours, depuis le jardin et la chute ? Ce dont il s’agit, c’est de s’approcher, de tenter d’apprivoiser et de comprendre. Sans doute la beauté révèle-t-elle en nous un dépôt d’or, gage de notre désir d’éternité. Kdom artiste peintre et son œuvre appartiennent à cet ordre. Bien plus, Kdom a pris son propre corps comme objet de sa peinture. Elle en a le culte et l’obsession, si bien que chacun de ses tableaux est en fin de compte un auto-portrait. Sa démarche peut paraître provocatrice, d’autant plus que dans ce qu’elle représente, c’est sur les reins et les jambes qu’elle porte la plupart du temps son effort. Elle le fait avec talent, finesse et sensualité. Celle-ci est gouvernée par une attitude et une volonté très précises : affirmer la beauté de la femme et sa liberté, la faire sortir de tous les tabous et les enfermements dans lesquels elle a été immémorialement emprisonnée, la glorifier. Au moment où l’art se débat souvent au milieu d’une grande confusion, il est bon de retrouver certains critères et avant tout celui de l’esthétique. L’art de Kdom restitue le corps de la femme dans sa splendeur, loin de toute culpabilité. Pour l’apprécier, il faut avoir un regard pur, désencombré des idéologies. Il faut se situer au-delà de l’Histoire, dans le cœur même de la création, ouvert au miracle de la nature. Nous appartenons à une civilisation où, depuis Platon, l’esprit a été séparé du corps. Kdom les réunit à nouveau et cherche son âme à travers les lignes de son corps. Quelle quête est plus haute ? C’est pourquoi d’aucuns ne supportent pas ce dévoilement et le répriment. Ce n’est pas exactement par pudeur, devant une présence qui serait gage du divin et que la beauté révèlerait. Ce serait plutôt par terreur, devant la part de liberté, que le désir pourrait révéler en eux. L’asservissement de la femme serait, en ce cas, une peur immense devant son propre désir et l’exigence qu’il peut faire naître en soi. L’œuvre de Kdom lève le voile. Elle n’est pas impudique. Elle place le spectateur devant sa liberté. Kdom n’est pas une intellectuelle mais une artiste. Elle n’appréhende pas le monde à travers le concept mais grâce à sa sensibilité. Ce n’est pas un hasard si son philosophe préféré est Frédéric Nietzsche. Il est avant tout un poète. S’il s’élève au dessus des penseurs de son temps, ce n’est pas par la vertu de son discours mais par celle de ses intuitions. La pensée passe dans son sang, dans ses nerfs avant d’être formulée dans des mots. Kdom est tout à fait en prise sur son temps. Elle est plurielle. Elle ne souhaite pas s’enfermer dans une spécialité. Elle est peintre, danseuse et écrivain. Elle déploie son talent dans les possibilités diverses de sa nature. Elle s’exprime dans toute l’étendue de son désir. J’ai oublié de dire sans doute l’essentiel. Kdom est charmante. Lorsqu’elle peint la beauté, elle sait ce dont elle parle. Elle habite sa parole. Elle est crucifiée par elle et c’est là, sans doute, sa dimension proprement originale. Elle prend la place de l’homme, à l’intérieur de cette immolation. Elle reprend en compte, en même temps que lui, l’énigme de la beauté, sa douleur. Ce n’est plus le fils qui est sur la croix, les bras écartelés par l’intensité de ses désirs. C’est la femme, et c’est en ce sens que l’itinéraire de Kdom est exemplaire. Il ouvre à l’imagination et au désir une terre nouvelle et infinie, et c’est sans doute ici que se situe une des grandes questions de notre avenir : un désir réconcilié avec lui-même, au-delà des clivages des genres, par une prise en compte générale de la grandeur et de la difficulté d’être. Son art est un hymne à la beauté et au bonheur.